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Axel Schoenert Architectes : 22-24 rue Bayard
21 février 2020


Ceci est un projet particulier pour moi, et un retour non seulement au noir-et-blanc mais aussi au très-grand-format que j’ai beaucoup utilisé dans les années 90 avec les Polaroids 809 et la vrombissante machine à développer qui allait avec. ”Très-grand” veut dire : les négatifs mesurent 20cm sur 25cm ! Explication ci-dessous du pourquoi qui n’est pas technique du tout mais artistique.


Non que j’ai vraiment envie de trimballer plus lourd et plus gros encore, mais ce format permet de pousser plus loin mon désir d’éviter les exagérations et distortions dues aux objectifs de type grand-angle. C’est ce que je poursuis depuis que j’ai pu acquérir mon propre scanner Imacon 848 en octobre 2015 : ne plus être obligé de faire “tout” rentrer dans une image avec un ultra-grand-angle, mais faire deux images avec un objectif normal, les assembler et, au final, voir aussi large que mais sans les habituelles fuyantes science-fictionesques. Je le faisais depuis avec des doubles 6x9cm, le 4x5” en lui-même puis des double-4x5” mais c’est avec le 20x25cm (8x10”) que j’arrive pleinement au but : le résultat est aussi droit, frontal et sans artifices que notre propre vision humaine.
Les prises sont faites avec un 300mm, objectif normal pour cette taille de négatif : plus besoin de “réduire” à la prise pour agrandir après, le procédé est visuellement transparent. C’est ce que j’ai toujours ressenti dans les images faites avec ce format à travers le siècle : une force d’exposition qui ne revient pas à une interprétation typiquement -parfois même caricaturalement- photographique, mais à la rectitude d’enregistrement. C’est droit et tel.

Autre avantage à ne pas travailler avec des optiques “grand-angle” : une précision hors du commun bord-à-bord et de haut en bas. Les exemples à droite font en largeur c. 1/8 de la taille de l’image qui, elle, imprimée, ferait 4 mètres de haut ! Personne n’imprimerait à cette taille mais, en réduction, le tout fourmille de détails - ça vit ! Les textures, teintes et dégradés sont rendus avec une finesse that is truly without compare : si le 4x5” s’en approche grandement, le 8x10” y est. Le 300mm Schneider que j’utilise date des années 60 mais sa formulation optique “Symmar” remonte à la fin du 19ème siècle - c’était droit en 1895, ça l’est toujours.

Evidemment, rien n’est parfait et si travailler en 20x25 à toujours été lourd, c’est désormais aussi très cher ; qui plus est le film Tri-X Kodak est difficile à trouver dans ce format et je dois utiliser le même film couleur que d’habitude, transformé en b/w à la post-production. Evidemment, bis, on ne fait pas quarante images mais UNE. Elle compte. Je réserverai donc ce format pour les projets spéciaux.